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Etudiantes infirmières : recrutement possible avant d’obtenir leur diplôme ?

Face à la pénurie de personnel soignant en Belgique, de nombreuses institutions de soins n’hésitent plus à se tourner vers les futures diplômées pour renforcer leurs équipes. Mais qu’en est-il réellement du cadre légal ? Est-il possible, en tant qu’étudiante infirmière, d’exercer dans un établissement avant d’avoir obtenu son diplôme ? Quels sont les droits, les conditions et les limites de ce type d’emploi ? Nurseo fait le point pour vous.
La pénurie qui touche le personnel hospitalier oblige parfois les directions des hôpitaux à revoir leur stratégie. Parmi les solutions, on retrouve le recrutement des étudiantes infirmières.

Une situation de terrain qui pousse à la flexibilité

Les hôpitaux, maisons de repos et centres de soins font face à des problèmes de recrutement de plus en plus forts. La pénurie du personnel hospitalier n’est plus à démontrer et, dans ce contexte, de nombreuses structures accueillent des étudiantes en dernière année de bachelier en soins infirmiers afin de leur proposer des postes à responsabilité limitée. Ce, parfois même avant la fin de leurs études ! Cette tendance se justifie à la fois par des besoins urgents en personnel, mais aussi, par une volonté de fidéliser les futures diplômées dès leur insertion sur le terrain.

Mais cette pratique, si elle devient courante, est-elle pour autant autorisée ? En Belgique, la réponse est oui, sous certaines conditions.

 

Travailler avant le diplôme : que dit la loi ?

En Belgique, le métier d’infirmier est une profession réglementée. Cela signifie qu’il faut, pour l’exercer pleinement, disposer d’un titre professionnel légalement reconnu, délivré après l’obtention du diplôme et l’enregistrement auprès du SPF Santé publique.

Cependant, un cadre légal spécifique permet aux étudiantes en soins infirmiers d’exercer certaines fonctions dans le secteur de la santé avant l’obtention de leur diplôme, à condition de respecter plusieurs critères. La référence principale en la matière est l’arrêté royal du 18 juin 1990 fixant les normes de qualification du personnel des établissements hospitaliers. Celui-ci précise qu’un étudiant en soins infirmiers peut être engagé sous certaines formes, notamment :

Comme aide-soignant(e), pour autant qu’il ou elle ait validé au moins une année de formation et que l’employeur respecte les normes d'encadrement.

Ou dans un rôle d’auxiliaire en appui à l’équipe soignante, notamment pour des actes non techniques relevant du confort du patient, comme la distribution des repas, l’aide à la toilette ou l’installation des patients.

 

La possibilité d’un travail rémunéré pendant les études

Outre les stages obligatoires, les étudiantes infirmières peuvent être engagées en tant qu’étudiantes jobistes, particulièrement pendant les congés scolaires ou les week-ends. Ce type de contrat, encadré par la législation sur le travail étudiant, leur permet de découvrir le monde du travail, d’acquérir de l’expérience et de renforcer leurs compétences pratiques.

Dans ce cas, les institutions peuvent proposer des postes adaptés, souvent proches du rôle d’aide-soignante ou d’assistante en soins, en tenant compte du niveau de formation de l’étudiante. Cela permet aux étudiantes de rester en contact avec la réalité du terrain tout en conservant un statut juridique clair.

Certaines écoles de soins infirmiers collaborent d’ailleurs activement avec des hôpitaux pour faciliter ce type d'engagement, notamment en fin de parcours, lorsqu’une future infirmière dispose déjà de solides compétences.

 

Et après la dernière année ? L’« engagement anticipé »

Une situation particulière concerne les étudiantes en fin de 3e année de bachelier qui ont terminé tous leurs cours et stages, mais attendent encore la délibération officielle. Certaines institutions proposent, dans ce laps de temps, un engagement anticipé sous contrat temporaire. Ce type de contrat n’a toutefois aucune valeur légale d’infirmier tant que le diplôme n’est pas officiellement délivré. L’étudiante ne peut donc pas poser des actes réservés aux infirmiers diplômés, comme l’administration de médicaments injectables ou la gestion autonome d’un dossier patient.

Le contrat proposé est alors souvent un CDD avec une mention spécifique, prévoyant une évolution vers un poste d’infirmière une fois le diplôme et l’enregistrement obtenus. Cette solution permet aux jeunes diplômées de s’intégrer plus rapidement dans une équipe, tout en bénéficiant d’un encadrement sécurisé.

 

Les limites à respecter

Si les opportunités d’emploi avant l’obtention du diplôme existent, il est essentiel de ne pas confondre stage, job étudiant et emploi infirmier. Une étudiante, même en fin de parcours, ne peut en aucun cas se faire passer pour une infirmière diplômée. Cela exposerait aussi bien l’établissement que l’étudiante à des sanctions administratives et juridiques.

De plus, certaines tâches restent strictement réservées aux infirmiers qualifiés, comme les soins invasifs, la prescription d’actes infirmiers ou encore la supervision d’autres membres du personnel. Il est donc crucial de bien définir les missions confiées et de respecter le cadre de compétence fixé par la législation.

 

Une opportunité de se faire connaître… et de décrocher un premier emploi

Pour les étudiantes, travailler dans un établissement avant l’obtention du diplôme représente une belle occasion de prendre ses marques, de se familiariser avec l’organisation des soins, et de tisser des liens professionnels. C’est aussi un moyen concret de montrer sa motivation et ses qualités humaines, deux critères essentiels dans le métier d’infirmière.

Côté employeur, c’est une manière de détecter les talents avant leur sortie de l’école, et parfois même de leur proposer un contrat dès l’annonce des résultats. Certaines institutions n’hésitent plus à organiser des entretiens de recrutement pour étudiantes de dernière année, voire à proposer des contrats à signer sous réserve de réussite.

 

Le recrutement avant l’obtention du diplôme, en bref

Oui, une étudiante infirmière peut travailler avant d’obtenir son diplôme, mais uniquement dans certaines conditions bien encadrées par la loi. Elle peut notamment :

  • Occuper un poste d’aide-soignante si elle répond aux critères requis.
  • Travailler comme étudiante jobiste dans des fonctions compatibles avec son niveau.
  • Être engagée sous contrat temporaire en fin d’études, sans exercer d’actes réservés.

L’essentiel reste de respecter les cadres légaux et éthiques, tout en profitant de ces expériences pour se professionnaliser. Pour les étudiantes comme pour les employeurs, ces engagements précoces peuvent poser les bases d’une collaboration à long terme, bénéfique pour tous.

 

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